Quand les hommes ne peuvent pas montrer leurs émotions.

Les hommes ne peuvent pas montrer leurs émotions!

C'est seulement l'esprit humain, conditionné et obscurci par les influences sociales, culturelles et politiques, qui conduit à un tel euphémisme. Le lion, maître de la jungle, peut-il rugir autant ? Doit-il être un chaton, anéantissant jusqu'au plus profond de lui-même les sentiments qui le définissent ?

Cela devrait déjà vous éclairer, non ! Et pour ceux qui trouvent la comparaison avec le règne animal banale, je vous invite vivement à passer du temps avec des animaux (de préférence non domestiques) afin de saisir leur expression naturelle et rigoureuse de ce qui vit en eux. Leur honnêteté pourrait vous dérouter sans fin. Vous pouvez bien sûr remettre cela en question, comme si « les animaux vivent par instinct », et c'est vrai . . . une composante largement réprimée ou révolue chez les humains. Nous aurions beaucoup moins de problèmes (mentaux et physiques) si nous étions encore en contact avec cet aspect de nous-mêmes. 

La plupart du temps, nous avons beaucoup de philosophies à ce sujet et nous hurlons intérieurement, craignant ce que le monde penserait si nous les exprimions. Je ne sais pas d'où vient cette affirmation selon laquelle « les hommes ne peuvent pas montrer leurs émotions », mais elle est dénuée de tout bon sens humain. Du moins pour ceux qui continuent à la prêcher, à la copier, à l'enseigner . . . Mais avez-vous déjà résisté à cette phrase qu'on vous a lancée, et que vous avez semblé avaler comme un morceau de pain jeté à une mouette en plein vol sans la moindre considération ? (Même si, en ce qui concerne les mouettes, je peux vous assurer qu'elles savent pertinemment ce qu'elles avalent, et ce qu'elles ne font pas). Cela signifie simplement que ce qui vit à l'intérieur, chez un homme, n'a pas le droit d'être extériorisé ?

Dans cet article, je soulignerai plusieurs caractéristiques de ce qui se passe chez les hommes lorsqu'ils n'expriment pas leurs émotions, et quand ils les expriment.

D'abord, quand elles ne sont pas exprimées.

Tout dans la vie d'un être humain est caractérisé par l'expression de l'énergie. Que ce soit au niveau physique (activité), psycho-émotionnel (expression verbale et émotionnelle de pensées, d'idées, de sentiments, d'émotions, etc.) ou spirituel (l'expression du contact ultime avec son âme), tout est é- motion, énergie en mouvement. L'énergie est source d'émotions. Elle circule dans notre être, nous pousse à réfléchir, à discuter et à agir selon ce qui nous trotte dans la tête ou dans le cœur. Personne n'a de problème lorsqu'un homme éclate de rire. Le rire n'est-il pas une émotion, une réponse énergétique à un événement extérieur ? (Le rire intérieur est moins probable, car il dépend de notre indulgence intérieure et de notre liberté de pensée.)

Il apparaît donc clairement que nous semblons avoir un filtre pour ce qui est acceptable ou non d'exprimer. Comme si cela n'était pas assez ridicule, qui a établi les règles?

Aucun homme n'est jamais devenu plus fort en ne ressentant pas la profondeur de ses propres émotions. On ne peut rien apprendre de ce qu'on évite, réprime ou néglige. Ce n'est qu'en étant capable de les accepter et de les vivre qu'on s'affranchit du dogme de la faiblesse. On ne devient pas fort en les évitant, mais en les vivant, en les comprenant et en les ressentant. Sinon, on reste dans l'inconnu. L'inconnu, l'« ignorance », reste hors de portée de l'« apprentissage » et ne peut certainement pas justifier l'affirmation selon laquelle cela conduit à la faiblesse. Lorsque les émotions sont retenues, réprimées ou niées, elles engendrent et accumulent des tensions intérieures, de l'agressivité et de la perversion. Ce qui n'est pas improbable si l'on compare avec les hommes du monde extérieur.

Il faut comprendre que si les émotions sont de l'énergie en mouvement, elles bloquent leur flux énergétique naturel dans le corps, l'esprit et bien sûr l'âme. L'énergie bloquée crée des frictions, les frictions des tensions, les tensions de l'échaufement (le point de départ de l'inflammation), qui doivent d'une manière ou d'une autre s'évacuer de votre organisme. Si elle est retenue, elle prend toutes sortes de formes déformées. Dans le corps (contenu au fil du temps, cela entraînera des maladies (mal-être), des affections et (tant que vous restez inconscient, ignorant ou obstiné à reconnaître les symptômes) des maladies systémiques. (Toutes les maladies et causes de décès en évolution rapide ne sont que l'expression d'une négligence ou d'une résistance à la vie, quel que soit le niveau, au sein de l'être humain au fil du temps).

Sur le plan psycho-émotionnel, l'émotion non exprimée se comporte de la même manière que sur le plan physique, mais elle est caractérisée par les caractéristiques du psychisme. Ce blocage engendre tension mentale, frustration, accumulation d'agacement, conduisant à la projection de ses propres problèmes intérieurs non vécus (ou non résolus) sur le monde extérieur (qui n' a rien a voir avec votre histoire non résolut), aboutissant finalement à l'agression. De plus, l'intensité de cette tension engendre une hyperactivité cérébrale, avec des pensées, des projections et des illusions intenses et condensées, aboutissant au comportement pervers. L'énergie accumulée par le non-expression persiste jusqu'à ce qu'elle trouve sa libération, sous une forme ou une autre. À ce stade, l'innocence ou la perversité de l'émotion dépend simplement de votre propre système de valeurs et moralité.

Sur le plan spirituel, vous ressentirez également des frictions. Comme c'est la vie qui coule en vous, mais qui est retenue par l'incapacité ou le refus d'exprimer les émotions, cela affaiblira le contact avec votre énergie vitale, l'énergie de votre âme. L'intuition et le contact avec votre âme seront bloqués par le tampon des tensions et des signaux non résolus et non suivis. De cette façon, vous vous déconnecterez de votre « être », de votre véritable être, de qui vous êtes vraiment. Et à partir de là, sans la contemplation ou la méditation nécessaires (observer ce qui se passe), la situation ira de mal en pire, vous menant à un sentiment de perte, de privation d'énergie. 

Alors que vous êtes le seul à vous être privé de votre énergie, de la connexion à votre âme ou énergie vitale (qui est d'ailleurs infinie). Ainsi, vous pouvez avoir un travail, une maison, un mariage, même un labrador, mais lorsque ce contact est déformé ou que vous êtes déconnecté, vous aurez une vie, mais elle manquera de toute forme d'inspiration véritable (l'air, la vie, l'énergie insufflée en vous). Une vie sans âme, peut-être pleine de formes (possessions, statut ou importance), mais nullement inspirante.

On ne peut donc devenir fort (sage) qu'en passant par les émotions. En apprenant à les connaître. Sinon, elles restent inconnues, une illusion. On peut en parler longuement, même en être convaincu ou y croire. Mais dites-moi, à quoi bon croire à une illusion, à quelque chose dont on ne sait rien !? Ridicule, non ?

Et aussi ridicule que cela puisse paraître, la majorité des hommes dans ce monde non seulement vivent ce fait au quotidien, mais cela les érode, les tue de l'intérieur.

Deuxièmement, lorsqu'elles s'expriment.

La première étape de ce processus, à laquelle les hommes doivent se familiariser, est la reconnaissance de leur existence. C'est plus facile en soi que de se heurter au mur social inadmissible auquel les hommes sont confrontés depuis des siècles. Mais c'est possible. Concentrez-vous sur ce qui vit en vous, là où le travail doit être fait, plutôt que sur le mur, qui est un concept sociétal… principalement dans votre tête.

Un autre postulat à dissiper sur ce chemin est l'idée reçue selon laquelle, lorsque les hommes s'ouvrent à la prise de conscience de leurs émotions, les exhument et apprennent à les connaître, ils perdent leur masculinité. Dans la mesure du possible, bien sûr. Ce n'est pas parce que vous vous concentrez sur un aspect de votre être que l'autre cesse soudainement d'exister. Cela donnerait naissance à des êtres humains bien étranges, n'est-ce pas ?

Il n'y a que du gain à prendre conscience de tous les aspects de vous-même, en tant qu'être humain. Pour ceux qui rétorquent cela, je peux vous assurer que leurs arguments reposent en grande partie sur deux aspects : un esprit très étroit (et les esprits étroits manquent généralement d'ouverture pour élargir leur conscience) et la peur. 

Comment une émotion, vécue pleinement, ne peut-elle pas être une valeur ajoutée en tant qu'être humain ? Elle vous fait ressentir la vie, au lieux de seulement la rationaliser. Elle offre le potentiel d'approfondir sa propre identité, de se connecter et de faire l'expérience de l'unité avec soi-même, de l'ACCEPTATION DE SOI, et donc de l'autre. N'est-ce pas ce que nous recherchons tous désespérément ? N'est-elle pas la clé même de notre plus grand problème dans la vie et en société ? Accepter qui l'on est vraiment, pouvoir l'exprimer avec toute son honnêteté et son intensité, n'est-ce pas se libérer de toute contrainte ? Nous n'aurions certainement pas besoin de porter des masques sur des masques pour nous sentir un peu mieux dans notre peau.

En fin de compte, devenir conscient et vivre ses émotions ne fait qu'accroître sa conscience de soi. Ce qui, en soi, conduit à une plus grande conscience, à une plus grande acceptation et à une meilleure compréhension. Et qui ne recherche pas cela ?

Bien sûr, il y a des gens qui ne peuvent ou ne veulent pas emprunter cette voie. Et c’est un choix, jusqu’à un certain point, où l’ignorance continue de tourner en boucle dans les mêmes schémas de résistance, conduisant finalement à une perte ou une autre impactante dans sa vie (qu’il s’agisse de connaissances personnelles, de volonté, d’effort ou de capacité à faire des choses) ou dans la vie liée aux autres.